L’indicateur de vie heureuse, longue et soutenable

L’indicateur de vie heureuse, longue et soutenable

Que voulez-vous pour votre vie ? Je ne parle pas de moyens, mais de buts ultimes. Je ne parle pas de ce qui est bon pour la société, mais de ce qui est bon pour vous.

Que voulez-vous pour votre vie ? Cette question est pour moi fondamentale et les réponses que nous donnerions à cette question si nous y répondions tous devraient être utilisées pour définir ce que doivent être le cœur des politiques publiques et les indicateurs centraux qui mesurent la qualité des politiques publiques.

Nous pourrions chacun donner notre réponse à cette question et nous pourrions faire des 2, 3 ou 4 réponses les plus fréquentes les buts ultimes des politiques publiques et choisir ainsi l’indicateur que nous mettrions au cœur des politiques publiques.

Pour ma part, je souhaite pour moi-même (et pour les autres) une vie heureuse, longue et qui n’empêche pas les générations futures d’avoir une vie longue et heureuse. Comme je suis un utilitariste négatif, je préfère moins de malheur à plus de bonheur et éviter de mourir jeune plutôt que de favoriser le fait de vivre très vieux.

J’ai construit un indicateur qui répond à ma demande, je l’ai appelé « l’indicateur de vie heureuse, longue et soutenable » et j’ai écrit un papier scientifique pour montrer dans le détail comment il fonctionne. Je vais vous présenter rapidement cet indicateur qui est pour moi l’indicateur qui devrait être au cœur des politiques publiques.

Bonheur. La définition du bonheur est celle qui est donnée dans la formation gratuite proposée sur ce site : le bonheur est la satisfaction de vie. Dit autrement, plus nous aimons notre vie, plus nous sommes heureux.

Le bonheur peut être mesuré à l’aide d’une simple question comme « À quel point appréciez-vous votre vie sur échelle de 1 à 10 ? 1 pour « je déteste très fortement ma vie » et 10 pour « j’apprécie très fortement ma vie ».

Comme je suis un utilitariste négatif, un surpoids de plus en plus fort est donné aux réponses au fur et à mesure qu’elles s’éloignent de 10. Ainsi, moins on est heureux et plus la réponse donnée a du poids.

Vie longue. Réduire le risque d’avoir une mort prématurée est pour moi plus important qu’augmenter la probabilité d’avoir une vie extrêmement longue, c’est pourquoi je n’utilise pas l’espérance de vie pour mesurer la durée de la vie, mais l’indicateur d’années potentielles de vie perdues.

Le nom de ce concept est compliqué, mais le principe est simple. Il convient de prendre un âge de référence. L’OCDE prend 70 ans. Si une personne meurt avant 70 ans, alors on calcule le nombre d’années de vie perdues par rapport à 70. Si elle meurt à 65 ans, alors elle a perdu 5 ans. Si elle meurt à 10 ans, alors elle a perdu 60 ans. On additionne ensuite le nombre d’années perdues sur une population donnée et on fait une règle de trois pour obtenir le résultat sur une population de 100 000 personnes afin de pouvoir comparer les résultats des pays les uns avec les autres.

Soutenabilité. Il est possible de vivre une vie heureuse et longue et de laisser la Terre dans une condition environnementale qui met en danger le bonheur et la durée de vie de nos descendants.

Si nous prenons simplement en considération le bonheur et la soutenabilité, nous pouvons avoir la matrice suivante pour décrire le fonctionnement d’une société.

  Société non soutenable Société soutenable
Malheur Société égoïste et
malheureuse
Société altruiste et
malheureuse
Bonheur Société égoïste et heureuse Société altruiste et heureuse

Dans ma perspective, l’objectif est d’avoir une société altruiste et heureuse, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Pour mesurer la soutenabilité, j’utilise les données de Global Footprint Network, mais au lieu de soustraire l’empreinte écologique d’un pays à sa biocapacité, je divise la biocapacité du pays par son empreinte écologique. J’obtiens ainsi un ratio de soutenabilité que je peux facilement multiplier avec les autres données recueillies, celles sur le bonheur et celles sur les années potentielles de vie perdues, afin d’avoir un résultat unique.

Au final, la formule de l’indicateur de vie heureuse, longue et soutenable est la suivante : (mesure utilitariste négative de la satisfaction de vie/10) x (100 000/Années potentielles de vie perdues pour 100 000 habitants) x (Biocapacité/Empreinte écologique)