Le comment des politiques du bonheur
Quand on parle de bonheur dans les politiques publiques, il est important de définir clairement ce qu’on entend par bonheur afin d’éviter les malentendus, voire les peurs. Ici, le bonheur est défini comme satisfaction de vie. Plus nous aimons nos vies, plus nous sommes heureux. Plus nous détestons nos vies, plus nous sommes malheureux.
Il est important aussi de définir un cadre éthique dans l’utilisation des politiques publiques pour favoriser le bonheur en tant que satisfaction de vie. Ce cadre éthique peut être le suivant :
- Le bonheur comme satisfaction de vie est personnel, individuel
- Chacun a le droit d’être malheureux et que ce malheur soit respecté
- Le but des politiques du bonheur est de construire un environnement plus favorable afin que chacun puisse se construire une vie heureuse ou plus heureuse
En matière de bonheur dans les politiques publiques, il y a au moins trois approches philosophiques : l’utilitarisme, l’utilitarisme négatif et l’égalitarisme. L’utilitarisme est la recherche du plus grand bonheur du plus grand nombre. L’utilitarisme négatif est le fait de donner la priorité aux personnes qui souffrent. L’égalitarisme a pour but de réduire les inégalités dans le bonheur.
Prenez quelques instants pour vous demander quelle philosophie vous préférez. De votre philosophie du bonheur dans les politiques publiques dépend votre vision du monde. Êtes-vous utilitariste, utilitariste négatif ou égalitariste ?
À titre personnel, je suis un utilitariste négatif. Je considère que la souffrance humaine crée un appel moral à l’aide, si cette aide est souhaitée par les personnes en souffrance, alors que l’appel moral à l’aide n’existe pas quand il s’agit d’accroître le bonheur d’une personne qui est déjà heureuse ou relativement heureuse.
Définir la philosophie souhaitée est important, car cela détermine la manière dont les politiques publiques sont utilisées pour améliorer le bonheur des habitants d’un territoire. Les politiques publiques ne sont pas forcément les mêmes si l’on choisit une approche utilitariste, utilitariste négative ou égalitariste.
Dans la pratique, il y a différents moyens d’intégrer la science du bonheur dans les politiques publiques. Il est possible de regarder les résultats des études scientifiques existantes et de considérer que leurs résultats sont utilisables pour les habitants d’une autre communauté.
Il est aussi possible de faire une enquête sur le bonheur en tant que satisfaction de vie, ses leviers, les conditions de vie et les politiques publiques. Le bonheur comme satisfaction de vie se mesure. La base de données mondiale sur le bonheur de l’université Érasme de Rotterdam propose une analyse des mesures utilisées jusqu’à présent. Voici un exemple de bonne mesure du bonheur comme satisfaction de vie :
Sur une échelle de 1 (très insatisfait) à 7 (très satisfait), à quel point êtes-vous satisfait de votre vie ?
Une enquête peut éclairer les politiques publiques futures en permettant de répondre à de nombreuses questions, dont les suivantes :
- Quel est le degré moyen de satisfaction de vie des habitants ? Qui sont les habitants les plus heureux ? Qui sont les plus malheureux ?
- Comment les caractéristiques sociodémographiques et géographiques influencent-elles le degré de bonheur des habitants ?
- Plus généralement, comment les conditions de vie influencent-elles le degré de bonheur des habitants ?
- Quelles politiques publiques pourraient influencer positivement le degré de bonheur des habitants les plus malheureux ?
- Que nous apprennent les habitants les plus heureux sur les politiques publiques menées ?
- Quelles sont les politiques publiques qui favorisent le plus le bonheur des habitants ? Quelles sont celles qui ont le moins d’influence ?
- Est-ce que les résultats obtenus montrent l’intérêt de redessiner certaines politiques publiques ?
- Est-ce que les résultats obtenus montrent l’intérêt de politiques publiques auxquelles il n’avait pas été pensé ?
- Quelles sont les politiques publiques qui ont le meilleur rapport coût/bénéfice en matière de bonheur ? Quelles sont les politiques publiques qui le moins bon rapport coût bénéfice ?